Khiva et le Karakalpakstan

Publié le par Alex

Khiva est vieille, très vieille, un puit encore visible de nos jours est à l’origine de la ville il y a 2500 ans de cela. A la frontière avec le Turkménistan, Khiva et ses environs sont les terres de la religion zoroastrique. Cette religion, fondée au premier millénaire av JC, est la première religion monothéiste référencée, ayant pour précepte que l’esprit du bien cohabite avec l’esprit du mal depuis la création de l’univers et se ressent dans toute action, volonté. Une particularité de cette religion est qu’il exposait leur mort en haut des collines aux rapaces et carnassiers avant de regrouper les os dans une boite en terre cuite pour ne pas souiller la terre … charmant !! On commence notre journée du samedi par rechercher de l’argent, il est très dur de trouver de l’argent dans ce pays, ce qui conforte notre impression que, sorti des circuits organisés, ce n’est pas facile de se balader en solo dans ce pays. On arrive finalement à trouver des dollars dans un hôtel lambda que l’on part changer illico en sums sur le bazar. Ceci fait, la visite de la ville peut commencer : le centre historique situé dans l’enceinte de la forteresse est tout petit, mais joli, ça donne vraiment l’impression d’un décor de théâtre en carton (en réalité, c’est de la terre cuite et du torchis). La plupart des madrasas sont transformées en petites musées à thème, mais ce qui nous passionne le plus est le point de vue en haut des remparts, c’est splendide avec en point d’orgue le fameux Kalta-minor, minaret bleu symbole de la ville. On consacre ce qui reste de la journée à l’office du tourisme pour organiser nos derniers jours en Ouzbekistan et plus précisément une journée dans le désert et un trip à la mer d’Aral. L’office propose un aller-retour dans la journée à la mer d’Aral mais d’une c’est hors de prix, et de deux ça fait beaucoup de route pour la journée, on opte pour notre solution initiale, à savoir galérer à marchander bus et taxis de ville en ville :) En attendant, on rencontre 2 allemands avec qui on va pouvoir partager les frais d’un taxi pour une journée dans le désert, cool !!!DSC04752

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Dimanche dans le désert : on partage donc à 4 un taxi pour faire une excursion à la découverte des forteresses du désert, la région Elliq-Qala. Eparpillées entre le Turkménistan et l’Ouzbékistan, quelques 50 citadelles de sable vieilles de 3 000 ans parsèment le paysage. C’est prévu d’en faire 5 ou 6, c’est déjà pas mal, et puis après quelques unes c’est un peu toujours la même chose ;) Notre chauffeur gère, il connait bien le coin, tant mieux parce qu’il n’y aucun panneau dans le désert / steppe du Khorezm. On empreinte un bac à l’aller comme au retour pour franchir la rivière Amou-Daria en attendant que le pont affaissé soit réparé. C’est génial, les ouzbeks sont rapides et efficaces, ils font tenir un nombre considérable de voitures, bus et gens sur leur barge qui est tiré par un tout petit bateau de rien du tout, ça vaut le spectacle !! Le midi, on s’est payé le luxe de manger dans une yourte, truc à touriste, prix pour touriste (8$ par tête), c’est super cher mais faut avouer que c’était bon et à volonté. Bref, cette journée dans le désert est passée vite, bien remplie, on rentre à Khiva tout naze !!DSC04800

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Lundi, grasse mat pour Jeanne, ça fait 2 jours qu’elle n’a pas eu ses 8h de sommeil quotidien :) De mon côté, je glandouille en ville. L’après-midi, on finit la visite de la citadelle par la mosquée, et quelques madrasas, histoires de dire, mais on commence à être un peu blazés, l’architecture est assez répétitive. On finit de boucler notre périple de 2 jours à la mer d’Aral, on fait le plein d’argent, de vivres, et on laisse nos gros sacs au B&B. On commande notre petit déj (sandwich) pour 5h du mat le lendemain.DSC04863

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5h30, mardi 14 septembre, on quitte Khiva pour Ourgentch dans un premier taxi, ceci fait on traverse la ville pour rejoindre le stade olympique (c’est de là que partent les taxis pour la prochaine destination), comme toutes les villes d’Ouzbekistan, Ourgentch possède son parc d’attraction central et sa grande roue rouillée, c’est marrant, souvenir de l’époque soviétique ? Arrivés au stade, on attend qu’une voiture se remplisse, il est 7h, on décolle pour Nukus. 9h05, on arrive tout juste pour prendre le bus qui va à Kungrat, c’est reparti pour 2h de transport … Kungrat, on en est au ¾ de notre quête d’Aral. Là, on fait une pause, on se ballade dans le marché et on en profite pour manger un bout. Moynaq, l’ancien port ouzbek de la mer d’Aral, est notre destination finale et c’est la prochaine étape, mais on déchante après avoir sillonné la ville, on ne trouve aucun bus pour Moynaq, les ouzbeks ne nous aident pas trop : chacun leur tour, ils s’attroupent autour de nous, nous balancent des phrases incompréhensibles (en turcs, russes, perses, ou je ne sais pas quoi), rigolent, et se barrent … on se sent très cons, c’est assez humiliant … on ne va pas faire demi-tour à ce niveau du parcours, on finit par prendre un taxi qu’on négocie à 14$, on se fait grave entuber, c’est clair, mais on n’a pas le choix :(

Enfin, 14h30, on arrive à destination : Moynaq, ville morte où il n’y a rien :) Jeanne déchante, elle ne comprend pas pourquoi j’étais obstiné à payer et à faire 8h (au final) de trajet pour aller voir … rien !!! De mon côté, je vois ça sous un autre angle : c’est un peu une fierté de se rendre au bout du monde (si ça ne l’est pas, en tout cas ça donne vraiment cette impression), et puis la mer d’Aral, c’est la mer d’Aral, on en parle comme une des plus grandes catastrophes écologiques du XXIème siècle, c’est un peu mythique pour moi de voir de mes propres yeux, cette mer qui n’est plus qu’un désert avec quelques bateaux rouillés laissés pour preuves du passé. P1050159

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C’est vrai que la ville est glauque et qu’il n’y a vraiment rien !! Je tente de réconforter Jeanne en lui disant que c’est des situations comme celles-ci qui nous font comprendre qu’on n’a pas à se plaindre, qu’au final notre petit train-train quotidien parisien est génial :) et puis ça fera un bon souvenir à raconter d’ici quelques temps (du style, tu te rappelles la fois où on était pommé …). Bref, on est quand même surpris de voir pas mal d’âmes qui vivent alors que les maisons délabrées et les rues parcourues par des filets de sable nous rappellent les décors de films de Far West américain. On relativise, on est juste là pour une journée contrairement aux gens qui y vivent, on se met à penser à quel prix on accepterait de se faire muter ici … pour rien au monde, c’est inimaginable !! Histoire de continuer dans le déprimant, on découvre le seul « hôtel » de la ville : pas d’eau courante, de vaste chambres dénuées de tout charme, des toilettes qui font rêver, ce soir on va savourer nos pâtes au fromage et œufs durs préparés la veille. J’enfonce le clou en disant que je trouve cela romantique :) Aller, un gros dodo et demain c’est fini !!P1050162

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Le lendemain, on se lève à 7h, le bus pour repartir vers la civilisation est à 9h, mais pas question de le louper, surtout que demain on doit prendre l’avion, c’est la fin de la partie ouzbek. C’est quand même insolite de se réveiller au bout du monde dans le désert d’Aral et de se dire que demain soir on sera à Moscou … on est quand même privilégié, il faut en avoir conscience. 3h30 de bus bondé pour rejoindre Nukus nous attendent, on est debout (le bus n’a que 18 places assises !!), ça fait mal aux pattes. Arrivé à Nukus, on fait une pause déjeuner et on en profite pour aller visiter le musée Savitsky, le musée des beaux-arts du Karakalpakstan (région de Nukus et de la mer d’Aral), Khorezm (région de Khiva), et de la peinture avant-gardiste russe. C’est incroyable de trouver un musée de ce standing (un des plus beaux d’Asie centrale) au milieu de nulle part, une partie du musée comporte même des copies offertes par le musée du Louvre !! Ceci est l’œuvre du peintre archéologue Savitsky, héros local. La suite est un peu moins belle : il est 16h30, et ça devient très dur de trouver un taxi à prix raisonnable pour rentrer sur Ourgench/Khiva, c’est même impossible, au jeu de l’offre et de la demande, on est foutu, il n’y a qu’un taxi qui se propose et à un prix défiant l’inimaginable … mais on n’a pas le choix, on va être obligé de s’embrouiller avec le chauffeur : arrivé à destination, on lui paye le double qu’on avait payé à l’aller (c’est notre geste d’honnêteté), et là le chauffeur n’est pas satisfait … je craque, je l’insulte en pleine rue, il ne veut pas en démordre, et là je suis étonné de constater que les ouzbeks assistant à la scène viennent prendre ma défense !! Bref, j’en ai marre de l’amalgame touriste = dollar, OK pour payer un peu plus cher, OK pour se faire entuber (pour rester correct) mais il y a des limites et lui les a dépassées, il a voulu jouer au con avec nous, on lui a rendu la monnaie de sa pièce … le dernier taxi pour rallier Ourgench à Khiva a vu la scène et pour me calmer, il nous passe Voyage Voyage de Desireless à tue tête (décidément emblème national à l’étranger) pendant tout le trajet :) à l’arrivée, on engloutit quelques bons chachliks (les meilleurs du pays) ce qui finit de me calmer. Voilà, ainsi se termine notre séjour en Ouzbékistan, en règle générale, les ouzbeks sont quand même des gens très sympas, et chaleureux mais les chauffeurs de taxi comme dans tous les pays du monde sont des gros c.. (désolé, de terminer là dessus mais ça fait du bien).

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Publié dans URSS

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G
<br /> <br /> Tres bien mais il manque une photo d'al khorizmi, celui du khorezm, fondateur ou precurseur de "l'algorithmique", dont la statue est a khiva !<br /> <br /> <br /> <br />
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